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Entrevue avec Nadia Gosselin
En découvrant le roman, « La gueule du Loup« , souhaitait en connaître plus sur Nadia Gosselin, qui risque de surprendre plusieurs lecteurs dans les années à venir. Comme je le disais dans ma chronique, elle aime surprendre le lecteur, le provoquer. Elle possède déjà ce que plusieurs auteurs recherchent encore : le talent !
Bonne lecture !
MiQ : Votre roman se passe en Belgique. Avez-vous visité la Belgique pour écrire ce roman ?
Nadia Gosselin : Je me suis effectivement déjà rendue en Belgique, il y a de cela plusieurs années. Cependant, pour écrire mon roman, j’ai du faire plusieurs recherches car j’avais négligé, lors de ma visite là-bas, de prendre des notes au sujet des lieux et de leur description. Je ne savais pas encore que j’aurais par la suite l’idée d’écrire un roman où l’action s’y situerait.
MiQ : Si oui, qu’avez-vous aimé ou apprécier de ce pays ?
Nadia Gosselin : J’ai adoré ce pays et je compte bien y retourner un jour. Il en émane, il me semble, une douce mélancolie qui m’est allée droit au cœur. Peut-être est-ce la pluie, très fréquente, qui m’a laissée sur cette impression. Quoi qu’il en soit, il est certain que les paysages de campagne me sont apparus sublimes de beauté et puis que la Grand-Place, par la variété de son architecture, m’a beaucoup charmée. Par ailleurs, je dois dire que j’adore Jacques Brel et celui-ci y est peut-être pour beaucoup dans l’affection que je porte depuis longtemps à ce pays.
MiQ : Quel regard portez-vous sur cette jeune femme qui est votre héroïne ?
Nadia Gosselin : Je la considère comme une ingénue qui prend conscience de sa naïveté. Elle se montre néanmoins assez critique, je pense, envers elle-même. Je dirais même que parfois elle se fait assez sévère en regard des jugements qu’elle pose sur sa manière d’être et de penser. Je crois, cela dit, qu’elle ressemble à beaucoup de femmes qui -heureusement ou malheureusement, c’est selon !- rêvent toujours et encore du prince charmant.
MiQ : Votre écriture est accrocheuse, on sent déjà une maturité dans votre roman. Comment est-il né ?
Nadia Gosselin : La maturité vient peut-être de l’âge ou d’un certain vécu. J’en suis déjà à savourer les derniers instants de la trentaine ! Je ne sais pas vraiment… peut-être est-ce l’habitude de vivre intensément et très intérieurement les aléas de la vie qui fait en sorte que cela alimente chez moi une constante réflexion. Cela fait de moi, j’imagine, malgré mon tempérament très spontané, une personne relativement mûre et réfléchie. En cela, je dois dire cependant… que je suis un pur paradoxe !
Mon roman est né du besoin de comprendre, tout simplement. Écrire est pour moi une manière de réfléchir sur les sujets qui me préoccupent ou quelque événement que j’ai vécu. Je crois que j’écriai toujours pour cette raison.
MiQ : Votre livre fut souligné par l’union des écrivains dans le cadre d’un programme d’encouragement de la relève littéraire. Est-ce un joli coup de pouce pour une jeune auteure ?
Nadia Gosselin : L’Union des écrivaines et des écrivains Québécois met de l’avant un programme annuel de parrainage qui consiste, en un premier temps, en la sélection de manuscrits de jeunes auteurs de la relève. Ceux-ci choisis, par le soin d’un comité spécial, les auteurs bénéficient subséquemment d’un encadrement de quelques mois par un écrivain confirmé qui les aidera à réfléchir sur leur ouvrage tout au long du processus de création. Ceci ne garantit cependant en rien une éventuelle publication. Néanmoins, cela constitue une reconnaissance d’un certain talent et, ne serait-ce que pour cela, je crois que le programme aide beaucoup à encourager la persévérance dans le long et laborieux travail qu’est l’écriture.
MiQ : Que pensez-vous des rencontres qui se passent sur Internet ?
Nadia Gosselin : Je crois qu’elles ne sont pas mauvaises en soi. C’est un moyen comme un autre de faire des rencontres et je ne pense pas qu’il soit à dénigrer. Le problème réel réside en fait, à mon avis, non pas tellement en l’image faussée et potentiellement magnifiée que l’un et l’autre peuvent délibérément projeter mais plutôt en la naïveté de chacun qui, souvent à son insu, se construit une représentation fantasmée de la personne convoitée. La dichotomie relève de cette frontière inéluctable qui sépare la réalité de nos idéaux. C’est souvent le constat de ce leurre, qu’on s’est posé à soi-même, qui cause une terrible désillusion. Seulement, tout un chacun n’est pas prêt à admettre sa naïveté. On préfère croire -ou faire croire !- que l’autre nous a menti ! Comme cela on en sort blanchi aux yeux des autres…
MiQ : Avez-vous des rituels d’écriture ? Aimez-vous écrire le matin? Le soir? La nuit ?
Nadia Gosselin : Sans avoir de véritables rituels, je puis dire en tout cas que pour écrire de la poésie, ou des paroles de chansons, j’aime bien m’installer tout près de l’eau. Le bruit d’une rivière en mouvement ou le petit ruissellement d’une rivière, autant que l’étendue du fleuve et de la mer, me procurent une sorte de sérénité qui favorise le recueillement nécessaire à la réflexion. Quant à l’écriture de roman, je crois que c’est au réveil, un bon café chaud tout près de mon ordinateur, que j’ai l’esprit le plus vif et prêt à traduire avec précision les idées que j’ai en tête ou les sentiments que j’éprouve.
MiQ : Quels sont vos rapports avec la critique ? Est-ce que vous lisez les critiques ou vous évitez cela ?
Nadia Gosselin : Je lis toutes celles que je découvre ou qui sont portées à mon attention. Je suis bien trop curieuse de savoir ce qu’elles contiennent pour les ignorer ! Cela dit, il reste que j’appréhende toujours de tomber sur une mauvaise critique ; je sais bien que j’en serais blessée. Comment rester insensible ? Toutefois, en ce qui concerne spécifiquement ce roman, La gueule du Loup, la critique s’est jusqu’à présent montrée très cordiale et je me réjouis de l’accueil qu’on lui réserve ici et là dans les médias. Je croise les doigts pour que cela perdure tout en me disant que s’il advient des critiques négatives, je tâcherai de faire la part des choses et d’en tenir compte, s’il y a lieu de le faire, lors de l’écriture de mes prochains romans. Pour peu que les critiques soient constructives, je suis prête à les recevoir. C’est la critique bête et méchante que je redoute le plus.
MiQ : Vos projets ?
Nadia Gosselin : Écrire… écrire… écrire ! Encore et toujours ! J’ai actuellement deux autres romans en chantier. L’un sous forme épistolaire, l’autre qui contient une intrigue beaucoup plus complexe que celle qui vient de paraître, mais je n’oserais en dire plus pour le moment.
MiQ : Je vous laisse le dernier mot pour vous adresser à vos lecteurs…
Nadia Gosselin : J’aimerais simplement les remercier de prendre part à mon rêve. Écrire serait un non sens si ce n’était de leur existence… J’écris bien sûr pour moi-même, d’abord, pour réfléchir sur la vie, sur la nature humaine, sur les choses et les événements mais… j’écris aussi parce que j’ai terriblement besoin d’être entendue et en cela leur présence m’est précieuse car ils m’aident à me construire autant que l’écriture elle-même.
MiQ : Merci beaucoup !
Nadia Gosselin : C’est moi-même qui vous remercie, Jean-Luc, de votre intérêt et, par le fait même, de votre encouragement à m’accomplir de nouveau dans l’écriture !
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