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“ L’expérience syndicale au Québec “ de Jacques Rouillard

Récit :

Depuis le milieu des années 1980, le syndicalisme au Québec, comme dans d’autres pays occidentaux, se tient sur la défensive. Ce livre, qui dresse un bilan de l’expérience syndicale au Québec, rappelle que cette situation difficile n’est pas sans précédent. Il montre que le mouvement syndical a déjà su s’adapter à bien d’autres changements socio-économiques. Jacques Rouillard analyse l’évolution syndicale sous trois aspects : les rapports des syndicats avec l’État, leur vision du nationalisme et la perception qu’en a l’opinion publique. Les syndicats ont toujours favorisé une intervention soutenue auprès de l’État, que ce soit sous la forme du lobbying ou d’un appui à un parti politique, ou en intégrant l’appareil administratif. Par ailleurs, les syndicats internationaux d’origine américaine aussi bien que les syndicats nationaux catholiques ont dû prendre position sur l’identité canadienne-française, l’autonomie provinciale et le statut politique du Québec. Enfin, le soutien que les syndicats reçoivent de l’opinion publique varie paradoxalement en fonction de leur plus ou moins grande combativité. L’histoire de l’expérience syndicale au Québec, depuis ses débuts au xixe siècle jusqu’à aujourd’hui, n’a rien de linéaire. C’est une histoire d’avancées et de reculs, à travers des combats sur des enjeux concrets aussi bien que sur des principes, sur l’opportunité d’avoir une protection en cas d’accidents du travail ou de lutter contre le fascisme et le communisme, sur la revendication de manuels scolaires gratuits ou sur le soutien aux républicains durant la guerre civile espagnole. Bref, c’est une histoire plus complexe, plus longue et plus riche qu’on ne le croirait, mais toujours aussi passionnante.

Avis :

En plein bouleversement économique et où le lock-out du Journal de Montréal fait couler beaucoup d’encre, le professeur Rouillard arrive avec un livre qui arrive à point, afin de comprendre mieux les enjeux des syndicats, qui sont pour la plupart des personnes une chose vaste.

Dans cet essai, l’auteur touche des points sensibles et donne l’heure juste sur le pouvoir syndical : « À notre avis, la population surestime grandement la force du syndicalisme dans notre société. D’autres institutions ont un pouvoir beaucoup plus déterminant dans l’orientation politique ou sociale. […] Pour expliquer ce phénomène, la forte tendance des médias à parler des syndicats uniquement lors des conflits de travail et à mettre en relief leur effet perturbateur sur le consensus social. […] Au fond, la population, et particulièrement sa portion non syndiquée, qui forme la majorité, accepte mal le caractère conflictuel des relations de travail. Elle voudrait que les rapports collectifs de travail se déroulent sans heurts, dans l’ordre et l’harmonie. »

Le lecteur sera surpris par les propos novateurs, mais aussi par la « non-partisanerie » de l’auteur envers les syndicats. Il aborde ouvertement plusieurs questions et nous montre les syndicats sous un angle éclairé et compréhensible.

Un essai qui deviendra très vite un livre de référence.

Bravo!

Auteur :

Jacques Rouillard est professeur au Département d’histoire de l’Université de Montréal et responsable du programme d’études québécoises. Il a publié plusieurs ouvrages sur le syndicalisme québécois, dont Les syndicats nationaux au Québec, 1900-1930 (Presse de l’Université Laval, 1979), qui lui a valu, en 1980, le prix Lionel-Groulx de l’Institut d’histoire de l’Amérique française.

Références :

Titre : L’expérience syndicale au Québec
Auteur : Jacques Rouillard
Éditeur : VLB Éditeur
ISBN : 9782896490127
Prix : 31,95 $

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