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Rencontre avec Anne Tremblay

À l’occasion de la sortie du troisième tome du roman « Le château à Noé » intitulé « Les porteuses d’espoir« , j’ai rencontré pour la première fois, Anne Tremblay, originaire d’Alma, habitant à Montréal. Dès les premiers instants, l’auteure, d’une très grande gentillesse, j’ai été fasciné par sa simplicité, son regard attendrissant et aussi par son bagage culturel. C’est mon coup de coeur de l’année. Une rencontre avec une grande auteure.

D’entrée de jeu, elle se confie sur la naissance de ces trois premiers romans :  » « Le château à Noé » aura quatre tomes et cela a toujours été prévu comme cela. Lors du déluge, j’étais à l’extérieur de la région. Les lignes téléphoniques avaient été coupées et j’étais inquiète et un journaliste s’est mis à expliquer qu’est-ce qui s’était passée comme le jeu des barrages. Après avoir écouté le journaliste, je me suis mise en colère et je me demandais pourquoi je n’étais pas au courant de cette histoire de jeu de barrages qui s’est passée en 1928 et que l’histoire se répète avec les mêmes erreurs. J’ai fouillé partout, j’ai construit un plan et comme je couvrais presque un siècle d’histoire, j’ai décidé de séparer le roman en quatre volumes« .

Même si depuis plusieurs années, elle habite à l’extérieur de sa région natale, elle garde en elle une marque indélébile de ces racines : « Je porte en moi la région. Je pense que nous avons une particularité qui ne se retrouve pas dans aucune autre région. Le fait que l’on soit fermé sur nous autres, cela fait ne région à part. Nous sommes fiers d’être des bleuets. Mes enfants sont de purs Montréalais et ils ont la fibre régionale. Ils ont un attachement profond avec ma région« , souligne l’auteure.

Le roman est très précis sur les faits historiques. Son travail de recherches est considérable, d’ailleurs elle ne cache pas sa passion de fouiller dans l’histoire : « Avec Internet sans quitter la maison, j’avais accès aux archives de Radio-Canada, l’Université de Sherbrooke, des gouvernements, … J’ai tout noté par ordre chronologique les évènements via des tableaux. J’aurai beaucoup de romans à écrire avec les informations que j’ai amassées. Après avoir imprimez le tout et lorsque je suis à l’étape de rédaction, je réalise des fiches« , ajoute Anne Tremblay.

Pour son écriture, les personnages « dormaient » avec elle, elle cohabitait avec ces derniers : « Dans l’écriture, il n’y a pas de miracle. L’écriture est facile, mais la gestation de mes personnages, amasser les informations qui demandent le plus de temps. Il n’y a pas un auteur qui pourrait écrire plus vite que sa vitesse de rédaction. Mes personnages m’apparaissent comme des fantômes, ensuite quand ils décident que je les prenne en main, ils ne me quittent plus. Ils ne sont jamais loin de moi« , souligne Anne Tremblay.

Elle ne souhaitait pas écrire un roman passéiste, elle souhaitait que son histoire soit très actuelle : « La seule demande à ma maison d’édition que j’ai demandée c’est que la couverture, ne soit pas celle du passé. Pour moi, mes romans sont actuels. Même si pour mon prochain roman, je m’en vais sur les années 1996, c’est encore d’actualité aujourd’hui. Ce n’est pas parce que mes personnages vivaient dans les années 40 ou 50 qu’ils avaient d’autres émotions. Les personnes d’aujourd’hui ont les mêmes sentiments, la même détermination, cela ne change pas, au contraire cela fait ce que nous sommes présentement« , ajoute l’auteure Anne Tremblay.

Au niveau politique, elle porte un regard très observateur sur la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean : « C’est mon avis, mais ma vision sur le Lac-Saint-Jean, c’est que la région en arrache. On mets les mêmes attraits touristiques en avant et on ne s’occupe même pas que des villages sont entrain de mourir à petits feux. Je trouve cela très triste. Les gens ont l’impression que les grosses compagnies sont venues créer du travail, mais tout l’argent est allé aux États-Unis. Leurs familles à eux auront des héritages, pas les nôtres« , lance Anne Tremblay.

Dès la parution du premier tome, le public s’est reconnu à travers les personnages : « Ne pas inscrire le nom de la compagnie, c’est un choix d’auteur. Beaucoup d’hommes se sont reconnus à travers mes histoires. Ils se reconnaissent aussi à travers les épreuves que vivent mes personnages. Ces traces-là, ne nous quittent jamais, un peu comme ceux qui ont vécu la Guerre mondiale en Europe« , souligne l’auteur.

Le métier d’auteur

Chaque auteur à son rythme pour écrire et aussi ses manies. Anne Tremblay ne cache pas que le matin n’est pas le meilleur moment pour écrire : « Je ne suis pas une femme qui écrit le matin. Une chose que j’ai remarquée c’est que j’avais besoin de m’isoler dans le bois toute seule. J’ai un camp dans le bois, avec un petit poêle à bois et je m’enferme là. Parfois cela peut me prendre de trois à quatre jours avant de rentrés dans mon univers. Souvent j’ai eu l’impression que c’était douloureux. Je tourne beaucoup en rond et j’ouvre souvent le frigo. Je deviens presque enragée. J’ai eu aussi ce sentiment que je me dématérialisais à quelque part« .

Elle avoue aussi qu’après ces quatre jours de souffrances, elle se sent au paradis quand l’inspiration est au rendez-vous : « Je suis vraiment au paradis quand je suis avec mes personnages et que l’on ne vienne surtout pas me déranger « , lance-t-elle en souriant.

Les projets à venir

Anne Tremblay annonce qu’un quatrième tome sortira l’année prochaine et ne cache pas ces nombreux autres projets : « Je reviens de vacances aux États-Unis, je suis tombée en amour avec une autre idée de roman. Je vais aussi me pencher sérieusement sur l’écriture d’une télésérie. Bien que des personnes m’ont suggéré de scénariser mes romans, je n’ai pas assez de recul. Moi l’histoire me plaît qu’elle soit en roman« .

Cette dernière écrit aussi des chansons et apprécie beaucoup les comédies musicales.

Les Dmasqués

En dehors de l’écriture de ces romans, Anne Tremblay a fondé le centre artistique Les Dmasqués en 2002, pour les personnes handicapées intellectuelles : « J’adapte des pièces pour eux. Ce sont de véritables artistes. Ils ont la fibre artistique en eux. J’ai conçu une technique se rapprochant de La Comedia Dell Arte. Les personnes qui ont assisté aux spectacles ont pris beaucoup de plaisir, car mes comédiens en ont mis plein la vue. J’ouvrirai prochainement un Dmasqués au Saguenay« .

Elle avoue que le regard sur les personnes handicapées semble changer : « Il n’y a pas si longtemps, on cachait presque l’enfant handicapé. Ce qui m’énerve un peu c’est le regard de charité de certaines personnes sur les handicapés. Lorsqu’ils sont aux Dmasqués, les personnes dans la salle ne regardent qu’une seule chose : l’artiste sur scène. De plus pour la personne qui souffre d’un handicap, ils se font applaudir pour leurs performances. Pour ce qu’ils ont donné au public. Ils applaudissent un artiste et cela change beaucoup« .

Copyright – Made in Québec – Jean-Luc Doumont – 2008
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Catégories :Septembre 2008
  1. Lucie Léveillée
    29 juin 2009 à 9:46

    Merci! Merci! pour cette belle histoire. Je termine le 3 e tome et c’est avec beaucoup d’attente que le dernier tome viendra compléter cette belle saga. Je vous ai découvert il y a quellques semaines et j’aime la façon dont vous faites une histoire. Les personnages, l’histoire les lieux les évènements… bref merci pour les bons moments de lecture que m’ont procuré les lignes de ces trois tomes. PSST … quant est-ce que le dernier tome sera disponible…. Lucie

    • Anne Tremblay
      21 septembre 2009 à 5:37

      Bonjour Lucie,

      je viens de prendre part de ton message.
      Je suis en pleine écriture du 4e et ton petit mot arrive juste bien car j’étais en pleine crise d’angoisse: styleest-ce-que-les-leecteursm’aiment?pourquoij’écrisoùvais-je?

      Je rêvais de le sortir pour Noel mais j’ai bien peur que cela aille au printemps

      en attendant, Bonne lecture, il y a tellement de belles découvertes à faire style: Cookie de Sophie Bouchard

      p.s en primeur pour toi, le titre du 4e tome est:

      Au pied de l’oubli.

      Anne Tremblay

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