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Trois nouveaux titres chez XYZ

Anthologie de récits vénézuéliens contemporains

Récit :

L-529-1

Ainsi cette anthologie crée un espace dans lequel la narration vénézuélienne contemporaine passe de l’espace privé à la place publique, entrecroise les genres, les langues, les esthétiques, explore les limites entre le sujet, le monde et la représentation, rejette non seulement les modèles mais la notion même de modèle et s’empare de l’étrange, du poétique, du ludique, du sordide et du banal. Elle fait des incursions dans l’intra histoire et dans les marges du pouvoir, fouille les recoins de la mémoire individuelle et collective, symbolique et mythologique. Elle est à la fois un héritage culturel et un récit jamais raconté, fait de métaphores, de champs spéculaires, de bords et de traversées. Catalina Gaspar, prologue

Cette anthologie regroupe 26 récits d’autant d’auteurs de la littérature vénézuélienne contemporaine. Précédée d’un prologue qui présente chaque récit et suivie de notes biobibliographiques, elle offre un échantillonnage représentatif de cette littérature et en constitue une porte d’entrée intéressante. Ce qui frappe, de prime abord, c’est la grande diversité des univers présentés. Les récits mettent en scène Léonard de Vinci et George Bush père, des indigents et un prince, une femme qui pleure et un prêcheur, un androïde et un guerrier ainsi que de nombreux artistes, tels un écrivain qui veut écrire la plus belle histoire du monde, un peintre qui peint la dernière Cène, un scénariste qui peine sur son scénario et un écrivain qui cherche son manuscrit perdu. Ils se déroulent dans un édifice à condominiums, dans un immeuble sous terre, dans un village en train de mourir ou dans un désert. Ils traitent de la violence sociale et de la fragilité des liens affectifs, de l’amour, du pouvoir et de la mort. Ils entretiennent avec la réalité des liens parfois troublants comme dans «La révolte des clés», un récit où des clés anglaises attaquent un mécanicien. Ils s’apparentent parfois à un conte ou à une fable, ils empruntent à la mythologie et à l’histoire, ils louvoient entre le réalisme et le fantastique et ils versent parfois dans la science-fiction. Leurs auteurs jouent à les déconstruire, mettent leur narration à nu ou emploient la mise en abyme, bref, utilisent un grand éventail des procédés narratifs pour «faire passer sur la page les rêves et les frissons des hommes» (« La plus belle histoire du monde »).

Avis :

Ce recueil de 26 textes issus de 26 auteurs vénézuéliens est un voyage au cœur de ce pays. Les textes sont admirablement traduits par André Charland, Sylvie Gajevic et Hélène Rioux. “Le manuscrit perdu” de Laura Antillano, “La femme qui pleure” de Silda Cordoliani, ou encore “Les miroirs de la nuit” de Carlos Noguera sont de petits chefs-d’œuvre littéraires à lire et à relire. Ce sont mes trois préférés, mais chaque lecteur y trouvera son petit moment de bonheur. À lire sans hésiter une seule seconde!

Références :

Anthologie de récits vénézuéliens contemporains – collectif – 978-2-89261-553-1 – 25 $

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Un homme de feu – Sharon Stewart

Récit :

L-534-1 Louis Riel fut un activiste passionné qui consacra sa vie à la cause métisse. Il prit le parti des opprimés et combattit l’injustice chaque fois qu’il en fut témoin. Pionnier dans le domaine des droits des autochtones et des revendications territoriales, il fut toutefois considéré comme un hors-la-loi. Banni, sa tête mise à prix, Riel se réfugia aux États-Unis en 1870. Dans son exil, il acquit la conviction que Dieu lui confiait la mission de diriger son peuple. Il fut élu à trois reprises au Parlement, mais, craignant d’être arrêté, il n’occupa jamais son siège. Accusé de haute trahison, il fut exécuté en 1885 pour le rôle qu’il avait joué dans la Rébellion du Nord-Ouest. Louis Riel ne fut honoré en tant que père de la Confédération qu’en 1992, lorsque le Parlement le désigna comme l’un des fondateurs du Manitoba. Il est aujourd’hui le sujet de livres, de pièces de théâtre, de poèmes ; des monuments le représentent et un opéra a été composé en son honneur. Ses œuvres complètes ont été publiées en français et en anglais. De nombreux Canadiens peu férus d’histoire et peu familiarisés avec la cause métisse ont entendu parler de lui.

Avis :

Hélène Rioux – encore elle – à traduit le livre de Sharon Stewart consacré à Louis Riel, cet activiste qui oeuvra corps et âme pour la cause des métisse. Cette biographie est surprenante par la qualité de ces recherches historiques. L’histoire est passionnante du début à la fin. Pour conclure, on peut lire la chronologie de Louis Riel établie par Rhonda Bailey. Son legs est impressionnant. Louis Riel est un héros méconnu par la plupart d’entre nous. À découvrir.

Auteure :

Sharon Stewart a écrit sept livres pour jeunes dont plusieurs ont été traduits en français (La saga du grand corbeau) et dans d’autres langues. Elle a été finaliste pour de nombreux prix, dont le prix Geoffrey Bilson de la fiction historique ; en 2005, son roman Raven Quest a remporté le prix Silver Birch de l’Association des bibliothèques de l’Ontario. Sharon Stewart est également rédactrice et travaille comme pigiste dans le milieu de l’édition des ouvrages éducatifs. Elle a étudié l’histoire à l’Université Simon Fraser, à l’Université de Londres et à l’Université de Toronto, et elle détient une maîtrise en histoire coloniale française. Elle a enseigné l’anglais langue seconde à Harbin, en Chine.

Références :

Un homme de feu – Sharon Stewart – 978-2-89261-556-2 – 18 $

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Objets de mépris, sujets de langage – Sandrina Joseph

Récit :

L-533-1 La parole, quelle qu’elle soit, appelle, interpelle, apostrophe l’autre. L’injure, parole créatrice parce que performative, se dresse par ailleurs entre toi et moi pour illustrer la condition de l’individu dans le langage : je parle donc je m’impose, ne serait-ce que parce que je possède le langage au moment où je parle. Aussi l’injure est-elle un lieu tout désigné d’où repenser notre inscription sociale; grâce à sa nature performative, c’est-à-dire son penchant pour l’échec, elle peut devenir un moyen d’échapper aux rôles qui nous ont été imposés. Dans ces conditions, injurier pourrait-il être un acte d’émancipation? C’est à cette question que tente de répondre Sandrina Joseph lorsqu’elle examine l’injure comme mode d’usurpation langagière au féminin en s’appuyant sur ses lectures des textes de Violette Leduc, Annie Ernaux, France Théoret et Suzanne Jacob, textes dans lesquels sont mises en œuvre différentes stratégies injurieuses. Son entreprise, tant théorique que critique, consiste du reste en une recherche portant à la fois sur une prise de parole et une prise de pouvoir : la femme qui répond à une insulte dont elle fait l’objet refuse bien entendu de se taire, mais elle choisit également de s’emparer de l’injure afin de réclamer son statut de sujet. Il s’agit pour elle de trouver une manière non conventionnelle de répliquer de manière à interrompre l’échange injurieux. Il lui faut en somme parler pour faire autrement. Contrairement à l’idée de Flaubert selon laquelle l’injure doit toujours se laver dans le sang, cet essai nous démontre qu’elle peut tout aussi bien se laver dans l’encre.

Avis :

Attention ce livre est pour ma part l’essai de l’année. Sandrina Joseph explore le sujet de la parole. Un sujet vaste en soi, mais qui grâce à son écriture, elle parvient à décortiquer le tout avec brio. Cet essai, même si la police de caractère est petite – bonjour les lunettes – interpellera le lecteur dans sa façon de parler et de communiquer. Je le recommande fortement à tous ceux qui aiment fortement la lecture et la parole. Bref, ce petit bijou restera parmi mes livres de chevet. Bravo!

Auteure :

Sandrina Joseph enseigne la littérature au collège Lionel-Groulx. Spécialiste de l’écriture des femmes, elle a publié des textes dans divers ouvrages et publications au Canada et aux États-Unis en plus de diriger le collectif intitulé Banalité et contemporanéité littéraire (Paragraphes, 2009). Elle est membre du comité de rédaction de la revue culturelle Spirale.

Références :

Objets de mépris, sujets de langage – Sandrina Joseph – 978-2-89261-557-9 – 25$

Copyright – Made in Québec – Jean-Luc Doumont – 2009
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Catégories :Août 2009
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