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" Des nouvelles du nord " de Benoît Pilon

Le film :

nord C’est une ville inventée par une société d’État pour la construction d’un grand rêve, et c’est le cadre inusité du dernier documentaire de Benoit Pilon, Des nouvelles du Nord. Située à 1350 km au nord-ouest de Montréal, Radisson, fondée au début des années 1970, n’avait alors qu’un seul but : héberger les milliers de travailleurs chargés de construire l’immense centrale électrique LG-2 et les nombreux barrages et digues de la région de la Baie-James. Avec la fin des travaux, plusieurs ont quitté ce Far-North. mais d’autres sont restés, parfois même depuis des décennies. Grâce à eux, Radisson s’enracine  ranquillement dans la taïga québécoise, à côté de Chisasibi, village cri situé à 100 km. Pour cette communauté autochtone, les racines, beaucoup plus profondes, se sont cependant fragilisées. Benoit Pilon nous fait découvrir les défis qui animent ces deux mondes, à la fois semblables et différents, peuplés de personnages chaleureux et truculents. Pour les Cris, la fin de l’aventure de la Baie-James signifie concilier modernité et traditions, soucieux de les transmettre aux jeunes qui résistent difficilement aux attraits du Sud. Les citoyens de Radisson sentent aussi cette force d’attraction. Partir ou rester? La question leur trotte constamment dans la tête et si certains abdiquent devant l’isolement, ou les grands froids, d’autres développent des manières originales de faire de cette ville leur dernier port d’attache. Entre planter des arbres qui n’ont jamais poussé dans ces latitudes ou mettre tout en oeuvre pour construire un cimetière, les solutions originales ne manquent pas. Malgré les inquiétudes face à l’avenir, la vie là-bas suit son cours. Un mariage, une soirée d’adieux et une partie de chasse ponctuent le film. Les personnages du documentaire de Benoit Pilon nous donnent de leurs nouvelles avec un sourire dans le coeur. Des nouvelles d’espoir, de courage et de solidarité. 

Avis :

À Radisson, petit village de la Baie James, les villageois ne meurent pas. Ils n’ont pas le luxe de mourir, car il n’y a pas de cimetière. Dans ce documentaire, on retrouve une coiffeuse qui a trois clientes par jour, un patron de bar qui doit la survie de son établissement aux autochtones, …

Les gouvernements de l’époque, lors de la construction de LG5 d’Hydro-Québec, voyait dans cette région le plus important essor économique. Aujourd’hui, une trentaine d’années plus tard, il ne reste que quelques âmes ô combien remplies de sagesses et si réelles.

Dans ce village, un mariage devient presque une fête nationale et le départ de « Bibitte », l’un des piliers de Radisson, est un déchirement pour la communauté qui lui offre un party d’adieu.

On pourrait penser que ces êtres ne sont pas destinés pour le bonheur, pourtant il ressort de ce documentaire que ce sont des âmes que l’on aimerait en voir plus souvent autour de soi.

Parmi les faits cocasses : Radisson possède deux érables en arbre, importé de Montréal.

Ce petit bout de terre, possède une richesse, non-pas monétaire, mais humaine extraordinaire.

Une mention spéciale pour cette jeune animatrice radio, une jeune femme indépendante qui aimait la solitude et qui au bout d’une seule année à jetée l’éponge. La « solitude à l’extrême » comme elle disait, aura été plus forte que tout.

La caméra de Benoît Pilon, ne joue jamais avec le voyeurisme, elle reste le témoin de leurs vies, de leurs joies et de leurs peines.

Des nouvelles du nord est l’un des plus beaux documentaires que j’ai visionnés depuis les dix dernières années.

Je vous recommande ce DVD sur le champ. À visionner absolument.

Le réalisateur :

Après ses études en cinéma à l’Université Concordia, Benoit Pilon participe à la fondation du collectif de cinéastes
Les Films de l’autre et devient l’assistant de nombreux réalisateurs québécois chevronnés. Il signe aussi quelques oeuvres de fiction (La rivière rit, Regards volés, la télésérie Réseaux). Des retrouvailles avec son grand-oncle Rosaire Pilon l’amènent sur la voie du documentaire. Le vieil homme devient alors la vedette de son premier long métrage, Rosaire et la Petite-Nation (1997). Même s’il explore d’autres thématiques, Pilon demeure près des gens  simples et attachants, comme dans Roger Toupin, épicier variété (2003), un grand succès récoltant de nombreux prix dans le monde, et Nestor et les oubliés (2006). Touche-à-tout culturel, il signe également des films consacrés à la musique (Impressions autour du quatuor à cordes de Debussy, 1997) et au théâtre (3 soeurs en deux temps, 2003). En 2007, il réalise un premier long métrage de fiction, Ce qu’il faut pour vivre, quelques mois après son cinquième documentaire, Des nouvelles du Nord.

Détails techniques :

Réalisation, recherche et scénarisation : Benoit Pilon
Année : 2007
Durée : 93 min
Direction photo : Michel La Veaux
Son : Marcel Chouinard
Montage : René Roberge
Montage sonore : Hugo Brochu, Martin Allard et Patrice Leblanc
Musique originale : Robert Marcel Lepage
Produit par Jeannine Gagné (Amazone Film) et Colette Loumède (ONF)
Une production de Amazone Film en coproduction avec l’Office national du film du Canada.
Ce film a été produit avec la participation financière de SODEC – Société de développement des entreprises Culturelles – Québec – Crédit d’impôt cinéma et télévision – Gestion SODEC Fonds canadien de télévision créé par le gouvernement du Canada et l’industrie canadienne de la télévision par câble – FCT : Programme de droits de diffusion – Crédit d’impôt Canada – Fonds Rogers.
Et en collaboration avec Radio-Canada et Réseau de l’information (RDI).

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Catégories :Juillet 2008
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