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" Le voyage du fils " d’Olivier Poivre d’Arvor

Récit :

Au départ de ce roman, un fait divers bien réel : une Chinoise s’est défenestrée pour échapper à une descente de police – qui, d’ailleurs, ne la visait en rien… De cette tragédie, Olivier Poivre d’Arvor a tiré un roman très original, émouvant, plein de rebondissements et de surprises… En effet, devant ce drame de la Chinoise défenestrée, l’opinion s’est émue et a organisé le voyage à Paris de Fan Wen Dong, son propre fils âgé d’une vingtaine d’années. Ce garçon sensible et poétique, à peine débarqué de sa ville de Fushun, va donc passer quelques jours à Paris avant de repartir en Chine avec les cendres de sa mère… Le roman que nous lisons s’inscrit, très exactement, dans cette semaine où s’entremêlent plusieurs trames de destins. Il y a là une femme – qui, précisément, réalise un film sur Marguerite Duras et qui, elle aussi, veut rencontrer « l’amant » chinois qu’elle rencontre, par hasard, à la faveur d’un accident de voiture. Il y a aussi un militant des droits de l’homme, un certain Schwartz, qui semble considérer Fan Wen Dong comme son fils…

Avis :

En cette période de rentrée littéraire, en France on parlait souvent du nouveau roman « Le voyage du fils » d’Olivier Poivre d’Arvor, susceptible d’être sur la liste du Goncourt de cette année.

La rencontre entre ce jeune chinois et cette femme auteure de documentaire, est comme la rencontre entre le chaud et le froid. Sauf qu’ici, dès que leurs destins se croisent, le récit devient d’une douceur magique.

L’ombre du roman est basée sur Marguerite Dumas pour qui on ressent une véritable adoration de la part de l’auteur.

Derrière ce roman se cachent le douloureux dossier des sans-papiers et le déracinement de son propre pays afin d’y trouver son bonheur dans une nouvelle terre d’accueil.

« Le voyage du fils » n’est pas que le voyage de ce fils venu rechercher les cendres de sa mère, mais un voyage sur les nouvelles racines de cette dernière.

Ce roman est magique et magnifique.

Auteur :

Olivier Poivre d’Arvor dirige depuis 1999 l’Association Française d’Action Artistique (AFAA) devenue, en 2006,  » Cultures France « . Romancier et essayiste, il a déjà publié une quinzaine d’ouvrages (seul ou en collaboration avec son frère Patrick) dont, chez Grasset en 1996, Le club des Momies.

Références :

Titre : Le voyage du fils
Auteur : Olivier Poivre d’Arvor
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246738213

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Catégories :Octobre 2008

Entrevue avec Minou Petrowski

11 octobre 2008 1 commentaire

MiQ : Votre biographie ne cache rien de votre vie privée, ni non plus de vos coups de coeur. Était-ce un choix volontaire de tout écrire?
Minou Petrowski : Tout écrire, on n’y arrive jamais, mais je désirais écrire l’essentiel et surtout écrire vrai. Dire vrai, que le récit soit authentique, ce qui impliquait à la fois ma vie privée et ma vie publique.

MiQ : Dans votre livre, on apprend que vous êtes née sous X. Votre besoin d’amour est-ce pour combler cette enfance douloureuse?
Minou Petrowski : Ce qui comptait pour moi c’était mon identité. Je n’en avais pas. Ce secret de ma naissance a été la plus grande douleur, mais également je n’existais pas vraiment et j’ai grandi dans l’aisance matérielle sans affection. J’ai vécu dans cette clinique pendant quinze ans, comme un objet en consigne que personne ne vient rechercher.

MiQ : Qu’est-ce que vous retenez de votre enfance à Nice? Avez-vous encore des attaches comme des amis?
Minou Petrowski : De mon enfance à Nice je retiens la beauté de la ville, tous les amis sont partis travailler ailleurs sauf le Maire sortant, Jacques Peyrat et Max Gallo que j’ai eu la chance de connaître et de rencontrer dans mon travail.

MiQ : Quel conseil donneriez-vous à ces enfants qui ne connaissent pas leurs parents?
Minou Petrowski : Ce que je dirais non pas aux enfants abandonnés mais aux parents qui gardent des enfants de leur dire la vérité sur leurs origines, c’est nécessaire de savoir d’où on vient, peu importe la situation sociale. L’enfant a besoin de repères. Tôt ou tard, on veut savoir à qui on ressemble, a quel race on appartient. Ce qui est douloureux dans mon cas, c’est que tout le monde savait sauf moi. Ce qui déclenche la peur de tout ce qui est étranger. Le secret aussi grave ou monstrueux doit être révélé à l’enfant, quand il découvre par lui même ce qu’on lui a caché. Il meurt.

MiQ : Pendant vos années à Radio-Canada, vous avez rencontré des personnalités. Jacques Gamblin et Sergio Lopez sont parmi vos préférés. Qu’avaient-ils en eux qui vous ont plu ou même séduit?
Minou Petrowski : Jacques Gamblin et Sergi Lopez ne sont pas parmi mes préférés, car il y a des écrivains comme Andrei Makine, Max Gallo, des gens qui m’ont appris à travers l’analyse de leurs romans un peu de moi. J’aime la beauté : Benoît Magimel est un acteur comme Gamblin, sublime. Sergi c’est sa simplicité son coté généreux, sa belle tête d’espagnol. On me séduit par la beauté physique mais aussi par l’âme reconnaissable. Avec François Cluzet ce fut l’âme de cet acteur qui m’a touchée. Mais il y a tant de personnes exceptionnelles, comme Laborit, Maria Riva la fille de Marlène, Robin Aubert, cinéaste.

MiQ : Vous êtes une femme qui a toujours vécu comme elle l’entendait. Peut-on vous qualifier de femme libre?
Minou Petrowski : On peut dire que je suis une femme libre avec le prix à payer pour cette liberté. J’ai des principes et une morale ainsi qu’une rectitude qui m’a donné l’endurance. Le monde est méchant mais je ne connais pas la haine, ça ne m’intéresse pas.

MiQ : Votre fille, Nathalie Petrowski, quelle a été sa réaction en découvrant votre biographie. A-t-elle mieux compris votre parcours ?
Minou Petrowski : Ma fille me connaît. Elle sait qui je suis. Elle a trouvé le récit joliment écrit ce qui m’a fait le plus grand plaisir. J’ai beaucoup travaillé le ton du récit durant cinq ans, malgré tous les obstacles.

MiQ : Quel regard portez-vous sur la carrière de votre fille?
Minou Petrowski : La carrière de ma fille est basée sur un travail constant. Son talent m’a toujours épaté. Elle est brillante, sensible, généreuse, quelquefois elle oublie de vivre pour elle. C’est une force immense qui doute terriblement. J’ai de l’admiration pour Nathalie et Boris. Ils sont beaux mes enfants mais aussi durs qu’ils peuvent être fragiles. Mon fils a le privilège d’aimer avec passion la musique, le vedettariat ne l’intéresse pas, il devrait être plus connu.

MiQ : Raconter sa vie comporte beaucoup de travail. Pour vous, est-ce que cela a été difficile de se retourner sur son passé?
Minou Petrowski : Cinq années de travail pour trouver le mot juste, le ton juste, les images de l’enfance, de reconstituer plusieurs époques. D’oser dire ce qui parfois n’est pas flatteur, sans complaisance. Je ne suis pas retournée dans mon passé, puisque je l’ai vécu pour pouvoir écrire au présent, c’est une gymnastique périlleuse.

MiQ : Quels sont vos projets?
Minou Petrowski : J’attends des offres concernant les thèmes de ma bio. L’identité et la recherche. Les enfants abandonnés. La maladie : Du Secret. Avoir une bourse pour continuer à écrire et peut être tenter de faire une scénarisation sur une période de ma vie. J’ai peu de temps à vivre je veux aider les autres. J’ai assez de force de caractère pour encaisser la dureté de notre époque.

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