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Archive for 14 novembre 2008

" Comme dieu le veut " de Niccolò Ammaniti

Récit :

Rino Zena et son fils Cristiano vivent dans une plaine trempée de pluie, dans une ville qui pourrait être n’importe où. Si Cristiano est un collégien ordinaire, avec les mêmes passions et faiblesses que tout adolescent, Rino n’est pas un père comme les autres : chômeur alcoolique et profondément fasciste, il vit sous la surveillance des Services Sociaux qui menacent de lui retirer la garde de son fils. Malgré l’amour viscéral qu’il a pour Cristiano, il l’éduque dans la violence et la force brutale. Tous deux luttent pour survivre et pour rester ensemble, avec une sorte de dignité dénaturée, en compagnie de deux étranges amis : Quattro Formaggi, qui a presque perdu la tête après avoir été foudroyé, et Danilo Aprea, quitté par sa femme et très marqué par la mort accidentelle de sa fille. Rino, Danilo et Quattro Formaggi forment un trio de petits malfrats, un clan passionné de camarades qui prend le jeune garçon sous son aile. Un jour, ils décident qu’il est temps d’améliorer leur existence misérable en fracturant un distributeur automatique de billets. Et c’est par une nuit de tempête, que les personnages de cette fable apocalyptique partent pour le casse salvateur. La pluie, les crues du fleuve et la boue qui ravagent cette plaine détrempée vont engluer aussi les personnages. De l’ombre sort alors l’adolescente dont Cristiano est secrètement amoureux, qui va changer à jamais leur destin… Au delà de l’étude de la relation père-fils, Ammaniti dépeint ici une Italie dévastée par la vulgarité et l’abrutissement consumériste, une Italie aux paysages de centres commerciaux et d’entrepôts. Autour, la misère des laissés-pour-compte, la férocité des pauvres explose de manière dévastatrice. La tendresse de l’auteur envers ses personnages imprègne d’une profonde humanité ce roman où cohabitent horreur et humour désenchanté.

Avis :

Voici le roman évènement de la rentrée littéraire 2008. Accrochez-vous !

En 540 pages et pas moins de 244 chapitres, Niccolò Ammaniti publie un roman qui mettre K.O. le lecteur.

Pour une des rares fois, soulignons ici son intelligence de n’être pas tombé dans les stéréotypes, l’auteur dépeint une Italie profonde, oubliée, où les gens sont meurtris bien avant d’être nés. Oui, il existe de la vulgarité et une scène de viol assez troublante, mais selon moi, il devait avoir tout cela pour que le roman se tienne.

Oublions ici les Italiens charmants, dragueurs et tu te quanti. Ici, ce sont des Italiens grossiers, qui n’ont pas d’avenir, qui regardent le futur avec morosité et férocité. Bref, un roman qui vous fera remuer dans votre fauteuil.

Un roman réussi, pour moi, est un roman qui doit secouer le lecteur. On doit être surpris et à la fois stupéfait. Le pari est réussi sur toute la ligne. Une oeuvre majeure dans la littérature étrangère.

Un romanzo magnifico! (un roman magnifique!)

Bravissimo.

Auteur :

Né à Rome en 1966, Niccolò Ammaniti choisit d’abréger ses études de biologie pour se tourner vers l’écriture. Après Branchies (1994) et Et je t’emmène (1999), il est reconnu sur la scène littéraire internationale avec le best-seller Je n’ai pas peur (2001), vainqueur du prix Viareggio.Comme Dieu le veut (2006) s’est vendu à 450 000 exemplaires en Italie, et a consacré le talent de Niccolò Ammaniti en obtenant le prestigieux prix Strega 2007. L’adaptation cinématographique par Gabriele Salvatores, qui avait déjà adapté au cinéma Je n’ai pas peur en 2003, sortira courant 2008 en Italie.

Références :

Titre : Comme dieu le veut
Auteur : Niccolò Ammaniti
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246723516

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Catégories :Novembre 2008

" Le fin fond de l’histoire " d’Andrée Laberge

14 novembre 2008 1 commentaire

Récit :

[…] veuillez excuser et pardonner au sans génie que je suis, car je surchauffe comme un puceau depuis qu’une belle défraîchie a déployé ses charmes usés de femme trop mûre pour raviver ma substance molle, j’en ai déjà le fusible qui menace de sauter juste à y penser, alors avant de décharger, la pile à plat, je cède la plume aux acteurs principaux qui me poussent dans le dos et urgent de s’inscrire dans cette histoire qui les concerne en direct et témoigner de leurs problèmes d’identité […]

Sur un ton à la fois décontracté, éclaté et un peu fêlé, Andrée Laberge nous propose un roman déroutant, complexe, et tout à fait d’actualité, qui se déroule en plein cœur de la vieille capitale.

Ici, les questions essentielles tournent autour de l’identité, de la filiation et de la lignée, car les pistes sont brouillées. Par exemple, la sauvagesse a beau se faire dire qu’elle n’en est pas une, la chose est si évidente à cause de sa peau cuivrée et de ses cheveux de jais que personne n’en doute. Quant au bâtard d’infirmier, c’est sa mère qu’il cherche en vain dans le visage des femmes âgées qu’il soigne avec une passion et une intensité qui inquiètent la direction de l’hôpital.

Reste la vieille folle engrossée par un séminariste au temps de sa jeunesse. Elle a vécu son péché avec la plus grande culpabilité pour se rendre compte, à 78 ans, que toute cette comédie religieuse était une farce.

En sourdine, un questionnement sur nos origines canadiennes-françaises et les distorsions de l’histoire qu’on aime bien réécrire à notre façon, d’ailleurs, qui peut se vanter d’en connaître le fin fond ?

Avis :

« Le fin fond de l’histoire« , aurait pu avoir comme sous-titre : « Chroniques du Québec d’aujourd’hui« .

Les personnages sont actuels, vifs, émouvants. Malgré que le roman soit à quelques reprises assez complexes, au point de se demander où on en est, elle possède cette facilité de dialoguer avec son lecteur dans son roman.

Ce roman est extraordinaire sur plusieurs plans : 1-les dialogues sont riches; 2-les personnages peuvent ressembler à nos amis, notre parenté; 3-la toile de fond sur le questionnement sur nos origines canadiennes-françaises est vraiment pertinente et tient la route tout le long.

Avec ce roman, on peut dire qu’Andrée Laberge, fait partie de nos plus pertinentes auteures au Québec.

À découvrir.

Auteure :

Andrée Laberge vit à Québec où elle est née en 1953. Après quelques années de travail auprès des personnes en souffrance sociale, elle a complété un doctorat en épidémiologie et entrepris une carrière de chercheure en santé publique, qu’elle a menée de front avec ses activités d’écriture. Son troisième roman, La rivière du loup (publié chez XYZ), lui a mérité le prix du Gouverneur Général 2006 en plus d’être finaliste à cinq prix littéraires prestigieux. L’auteure se consacre désormais à temps plein à l’écriture, sa troisième carrière.

Références :

Titre : Le fin fond de l’histoire
Auteure : Andrée Laberge
Éditeur : XYZ Éditeur
ISBN : 978-89261-540-1
Prix : 25 $

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Catégories :Novembre 2008

" Mon évasion " de Benoîte Groult

Récit :

Toute vie est une évasion. A chaque instant, nous devons scier des barreaux, lancer des cordes faites des draps où nous avons trop longtemps dormi, briser le silence des alcôves, des cabines d’essayage, des confessionnaux… Chaque jour, crier, casser des habitudes : s’évader. A-t-on envie de s’évader lorsqu’on a pour mère Nicole Poiret, couturière talentueuse et aimée, pour père un décorateur célèbre (meubles de Galuchat et de laque de Chine), et pour marraine Marie Laurencin ? Lorsque vos parents ont pour amis Picasso, Morand, Jouhandeau et quelques autres ? Pourtant, oui. Si Benoîte Groult a longtemps considéré la jeunesse  » comme un long noviciat avant le mariage « , elle a su peu à peu conquérir ses libertés, dont elle connaît le prix, et la douceur : elle nous conte ici ses hommes et ses mariages, Pierre Heuyer, Georges de Caunes, Paul Guimard. Elle nous dit ses combats, depuis le journalisme d’après-guerre à la féminisation des  » noms de métiers, de grades et de fonctions « , avec Yvette Roudy. Dans ce style libre qu’on lui connaît, elle revient sur ses choix, ses amitiés : femme heureuse à qui la vie a donné une chance particulière : conquérir ses libertés une à une, les payer, les savourer, les aimer.

Avis :

Comment définir Benoîte Groult? C’est une colombe à travers cette marée d’auteurs qui ne demandent qu’à être de plus en plus populaires. Benoîte Groult, survole cela avec aisance et détachement. L’autobiographie démontre une nouvelle fois, l’attachement des lecteurs envers son oeuvre qui est à la fois humaniste et féministe. En conquérant les femmes, elle s’est taillé une place privilégiée dans leurs coeurs, jusqu’à percer auprès de leurs conjoints. Benoîte Groult, écrit des romans d’amour intellectuel. Bien loin de ceux de Danielle Steel et des romans « Arlequin« .

Il ne se passe pas une semaine sans que je ne reçois un courriel qui porte sur Benoîte Groult. Ces courriels me parlent de l’importance dans l’auteure dans leurs vies.

Son livre respire la liberté, la passion, l’émotion et l’amour des autres. Comme une bouteille à la mer je lance cet appel : « Si vous lisez ceci, Madame Groult, sachez que bien des hommes et des femmes vous admire. Je me fais le porte-parole de tous ces messages reçus ».

La biographie parle de son enfance, de sa mère, du féminisme et du roman à succès « Les vaisseaux du coeur« .

Pour l’ensemble de sa carrière, je dirais : « Merci Madame!»

Auteure :

Romancière, essayiste, figure du féminisme, Benoîte Groult est l’auteure chez Grasset de La Part des choses, Ainsi soit-elle, Les Trois quarts du temps, Les Vaisseaux du cœur. Son dernier roman, La Touche étoile, s’est vendu à 300 000 exemplaires.

Références :

Titre : Mon évasion
Auteure : Benoîte Groult
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246534822

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Catégories :Novembre 2008

" L’Enseignement de l’histoire au début du XXIe siècle au Québec " de Bouvier & Sarra-Bournet

Récit :

Quel rôle doit jouer l’enseignement de l’histoire, surtout l’histoire nationale, dans notre société ? Doit-il être tourné vers le passé ou vers l’avenir ? Doit-il être mis au service de la citoyenneté, de l’identité ou même de l’édification nationale ? Le nouveau programme de formation en histoire et éducation à la citoyenneté, inspiré de l’histoire sociale et des plus récents travaux de didacticiens, vise à refléter la diversification de la société québécoise. Pour certains, cela remet en cause l’histoire nationale.

Mais le « renouveau pédagogique » évolue dans ses approches et sa pédagogie L’apprentissage par les élèves du primaire et du secondaire des réalités historiques du Québec et du monde, à l’aide de situations d’apprentissage novatrices, tout comme les effets du nouveau curriculum, commencent à peine à être étudiés. Cet ouvrage propose de faire le point sur un domaine en plein renouvellement.

Avis :

J’ai toujours admiré les enseignants. Ils sont les pierres angulaires de notre émerveillement sur le monde. C’est grâce à eux que nous devenons ce que nous sommes une fois adulte. Parmi mes matières préférées à l’école, il y avait le français, la géographie et l’histoire. J’étais un véritable passionné de cette matière, jusqu’à demander aux profs des compléments d’information sur son cours.

L’enseignement de l’histoire au Québec doit être primordial dans les cours. Les jeunes doivent apprendrent d’où ils viennent. Qui était leurs ancêtres? Comment vivait-on auparavant? Comment le Québec est né? Toutes des questions fondamentales aux bons développements de ces jeunes qui deviendront adultes.

Trois textes ressortent de cette analyse : « La place de l’histoire et des perspectives historiques dans la réforme du programme d’études » de Paul Inchauspé; « De la science historique au secondaire » de Sébastien Parent et « Enseigner l’histoire du Québec : avec ou malgré le « renouveau pédagogique« ? » de Michel Sarra-Bournet.

Une très belle analyse, de belles plumes littéraires, des textes clairs. Une référence.

À lire absolument

Auteurs :

Avec des textes de Félix Bouvier, Ivan Carel, Mourad Djebabla, Étienne Dubois-Roy, Luc Guay, Paul Inchauspé, Alexandre Lanoix, Samy Mesli, Sébastien Parent, Julien Prud’homme, Christian Rioux, Jacques Rouillard et Michel Sarra-Bournet.

Références :

Titre : L’Enseignement de l’histoire au début du XXIe siècle au Québec
Auteurs : Félix Bouvier et Michel Sarra-Bournet
Éditeur : Septentrion
ISBN : 978-2-89448-561-1
Prix : 18 $

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Catégories :Novembre 2008