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" Québec 68 " de Benoît Gignac + entrevue

Récit :

Combien de fois a-t-on entendu les baby-boomers tenter d’expliquer aux plus jeunes ce qu’étaient les années 1960. Combien de fois les a-t-on entendus dire : « J’aimerais tant me rappeler tout ce qui s’est passé durant ces années-là ». À travers 12 faits marquants, points de départ de 12 mois fertiles en émotions de toutes sortes, Québec 68 – l’année révolution présente l’année pivot qui, en quelque sorte, fut le point culminant de la révolution tranquille et qui, encore aujourd’hui modèle nos vies. De l’élection de Pierre Elliot Trudeau à titre de premier ministre du Canada jusqu’à la naissance du Parti québécois en passant par Les Belles Sœurs, L’Osstidsho, les batailles linguistiques ou étudiantes, le féminisme et le FLQ, ce livre chronique permettra au lecteur de survoler de façon divertissante un pan de vie politique, culturelle et sociale probablement inégalé dans l’histoire du Québec. En 1968, une partie du monde occidental changea, irrémédiablement. En 1968 au Québec, Lévesque, Charlebois, Deschamps, Morgentaler, Johnson, Grondin, Tremblay, Trudeau et beaucoup d’autres bousculèrent l’ordre des choses. Cette année-là, la révolution fut moins tranquille. Qu’on se le tienne pour dit.

Avis :

Il ne fallait que l’écriture de Benoît Gignac pour relater l’une des années les plus emblématiques : 1968.

Mois par mois, ce livre propose de nous replonger dans cette année charnière où tous les idéaux d’une époque allaient être bousculés pour ainsi se transformer en une société nouvelle.

De gros évènements eurent lieu en 68, non seulement au Québec, mais dans le monde. Au Québec on retiendra le premier avortement, la création de Radio-Québec, le FLQ ou encore Trudeau qui fut premier ministre.

Il faut souligner le travail de précision dans les recherches de Benoît Gignac. Son écriture si parfaite et les mots bien choisis, font de ce livre un réel chef-d’oeuvre que l’on gardera précieusement dans sa bibliothèque et dont nous aurons toujours plaisir à lire de nouveau.

J’ai toujours apprécié le travail de Gignac pour ces choix littéraires. Il à ce don de donner envie de lire, de donner envie d’en connaître davantage. J’espère que ce sera le premier livre d’une belle et longue collection.

En tant que lecteur, j’en redemande encore.

Sublime!

Auteur :

Benoit Gignac, homme de communications, de culture et de politique, nous offre son quatrième livre. Après Le Destin Johnson, Fernand Gignac, mon père, Lucien Rivard, le caïd au cœur du scandale, il récidive avec une rétrospective des événements qui ont marqué cette année faste de l’histoire du Québec.

Références :

Titre : Québec 68
Auteur : Benoît Gignac
Éditeur : Éditions La Presse
ISBN : 978-2-923194-81-3
Prix : 39,95 $

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Entrevue avec Benoît Gignac

MiQ : Comment expliquez-vous que l’année 1968 est si particulière dans le monde. Pensez-vous que cette année, fut celle d’une révolution, une sorte d’une nouvelle époque qui s’ouvrait au monde?
Benoît Gignac : Je vous avoue que même les plus grands historiens n’y arrivent pas. Ce que l’on sait, c’est quand 68 en occident, le pourcentage de gens qui avait moins de 25 ans a été le plus important du siècle. On a des données comme cela, mais pourquoi la même année il y a eu le Printemps de Prague, mai 68, les universités américaines, le Mexique, … Pourquoi tout cela cette année-là, c’est très difficile à expliquer. On pourrait dire qu’en six mois Che Guevara, Martin Luther King et Robert Kennedy ont été assassinés. Pourquoi ces six mois-là, c’est très difficile à expliquer.

MiQ : Quels souvenirs gardez-vous de 1968?
Benoît Gignac : Moi je commençais mon adolescence, l’âge ingrat. Mais j’ai des souvenirs très précis, des souvenirs assez clairs de l’effervescence dans laquelle on baignait. Pour nous, c’était une grande porte ouverte. On voyait ce qui se passait dans le monde, on a eu un peu en retard au Québec, mais les mois les plus effervescents étaient de septembre à novembre où là on sentait qu’il se passait quelque chose. Moi je me souviens de cela. Je me souviens de la virulence des propos autour des « Belles-Soeurs », la pièce de Michel Tremblay, aussi de la bataille linguistique pour la protection du français et en même temps, les cégeps qui étaient en grèves. Les étudiants se sont soulevés et cela a donné une nouvelle université à Montréal, pas seulement à Montréal, mais aussi à Québec qui auraient attendu quelques années de plus si les étudiants ne s’étaient pas soulevés. Je n’étais pas un acteur de cette révolution, mais je le voyais et je m’en souviens très bien.

MiQ : Plusieurs évènements ont eu lieu en 68, l’accès a l’avortement ou l’Ossticho. Comment on explique que ce spectacle soit encore si précieux au cœur des Québécois?
Benoît Gignac : Le spectacle lui-même, n’était pas un grand spectacle. En second, ce spectacle a attiré à peu près 20 000 spectateurs au maximum. Ce n’était pas un succès commercial, mais non plus un succès d’estime parce qu’il y a eu très peu d’articles dans les journaux, sauf quelques critiques. Cela dit, le pourquoi de ce spectacle phare, c’est parce que pour la première fois, les québécois ont fait la fusion entre la culture française et américaine. C’est Robert Charlebois qui revenant de Californie a troqué sa guitare acoustique pour une guitare électrique et qui a commencé à chanter en français de la poésie française sur des rythmes que l’on n’avait jamais vus avant, avec des arrangements et une mise en scène inédite pour l’époque. La chanson française c’était Francis Lemarque, Guy Béart, ou encore Brassens, sans mise en scène, guitare acoustique ou classique, comme Félix Leclerc le faisait. Arrive Charlebois, qui définit ce que va être la chanson québécoise pour tout ce qui và suivre. Ensuite Yvon Deschamps, réinvente le monologue qui nous parle de thèmes que l’on avait jamais entendu parler. Tout cela, fait que l’Ossticho est fondateur pour ce que va être la suite de la culture québécoise.

MiQ : Le 11 octobre 1968, le Parti québécois fut fondé. Dans votre livre vous dites  » Lévesque était humain et Trudeau un humanoïde « . Avec le recul, ce parti politique a-t-il encore sa raison d’être?
Benoît Gignac : Personnellement, je crois que le Parti québécois devrait représenter les grands intérêts de la gauche et du centre gauche au Québec, ce qu’il ne fait pas assez. Je m’explique. Pour moi, la question l’accession à la souveraineté est à peu près réglée puisque depuis le référendum de 80, c’est réglé pour ma part. Cela dit, ce que je trouve malheureux, c’est que se soit créé au Québec le Parti vert ou le Parti solidaire qui viennent gruger dans ce qu’était le parti de centre gauche qu’était le Parti québécois à ces débuts. C’est très difficile d’élire un gouvernement qui est plus social démocrate à cause de cette séparation des votes. Malheureusement, le PQ n’a pas réussi à garder au sein du parti cette force de gauche qui était présente au point de départ.

MiQ : En juillet, fut l’année qui marqua le début de la fin pour la prédominance religieuse dans la vie québécoise. Comment ont réagi les Québécois?
Benoît Gignac : C’est l’encyclique de Paul VI sur l’interdiction de la contraception qui a créé un émoi. Je vous dirai que 80 % de la population s’est prononcée contre. Ce n’était pas seulement les féministes ou les athées qui ont considéré que c’était inacceptable, c’est toute la société québécoise. C’est pour cela, qu’il y eu un déclin de la religion catholique, particulièrement et c’était déjà commencée au Québec, on est en train de s’affranchir de l’église dans l’état. Arrive cette encyclique qui va tout à fait à l’opposé de ce que les femmes et même ce que les hommes pensent de ce que devrait être la religion catholique. C’est un évènement important, parce que ce texte fut rejeté partout dans le monde.

MiQ : Au mois d’août, Michel Tremblay créa les  » Belles-Sœurs « . Un critique de l’époque l’avait descendu dans une chronique en disant  » C’est la première fois de ma vie que j’entends en une seule soirée autant de sacres, de jurons, de mots orduriers de toilettes « . Avec le recul on peut dire que le critique n’avait rien compris?
Benoît Gignac : Il y a eu beaucoup de critiques qui n’ont pas compris ce qui se passait ce soir-là. Ce qui a dérangé le Québec, c’était le joual et d’une langue qui se parlait et dont on n’avait jamais entendu parlez. En second, les propos de cette transposition de ce pan de société que l’on avait refusé de voir depuis que le théâtre québécois existait. Ces deux propositions là de Michel Tremblay qui ne sont pas des propositions politiques, mais artistiques. Avec le recul, je dirais, que la réaction des critiques qui ont accepté les propositions de Michel Tremblay, était normale. Mais c’était vraiment provocant.

MiQ : En septembre, la langue francophone devient l’objet d’affirmation culturelle et politique. Trente ans plus tard, on se retrouve au même point. Finalement, est-ce que le Québec a réussi son pari ou c’est un éternel recommencement?
Benoît Gignac : Pour ce qui est de la langue, le Québec a gagné. À mon avis, la Loi 101 est venue cimenter cela. Il aura fallu quatre projets de loi pour arriver à cette situation linguistique qui soit acceptable pour la majorité des Québécois. Avec la Loi 101, et toutes les dispositions comme la Charte de la langue française, on ne pouvait pas faire plus dans une société démocratique et que le maximum a été fait. À mon avis, que je veux finir ma vie en français, que mes enfants vont finir leurs vies en français, mais je ne suis pas certain que mes petits-enfants vont finir leurs vies en français.

MiQ : Lors du décès de votre père, pensez-vous que les médias lui ont rendu l’hommage qu’il méritait? Avec le décès de Claude Blanchard, j’ai l’impression que son décès fut presque oublié.
Benoît Gignac : Je vous dirai que nous la famille, nous avions décidé de ne pas enchérir sur le décès. C’était une décision familiale, il aurait détesté cela. Avec le décès de Claude Blanchard, c’est venu mettre un point final au décès de mon père. J’ai décidé de prendre la plume pour raconter pour essayer que l’on se souvienne du personnage.

MiQ : Pensez-vous qu’un jour, le public pourra se procurer un DVD retraçant la carrière de votre père?
Benoît Gignac : Ce serait une belle idée. J’aimerais beaucoup cela. Les personnes peuvent se procurer certaines copies d’émissions auquel il participait à TVA. Mais un document d’archives d’une heure ou deux sur tout ce qu’il à fait, ce serait une belle idée. Plus techniquement, comme il a fait sa carrière à la Télé Métropole, au plan de l’image il ne reste pas grand-chose. Télé Métropole détruisait systématiquement les bandes pendant 20 ans pour réenregistrer par dessus. Ce n’est pas facile de faire un montage.

MiQ : Vos projets?
Benoît Gignac : Nous allons nous reparler en 2009, parce qu’il y a des discussions avec mon éditeur pour aborder un autre grand sujet des années 60 et 70 qui semble être mes années de prédilections.

Copyright – Made in Québec – Jean-Luc Doumont – 2008
Toute reproduction interdite sans la mention
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Catégories :Novembre 2008
  1. 12 novembre 2008 à 1:45

    CENTRE-VILLE DE MONTREAL

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    Une anglicisation fulgurante en photos et vidéos

    Déjà un demi-millier d’infractions possibles à la loi 101!

    Adresse exacte de la gallerie de photos incriminantes:
    http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2008/montreal-anglais.html

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